mercredi 3 avril 2013



EXPOSITION EDWARD HOPPER, GRAND PALAIS, Paris, 2013

Exposé réalisé dans le cadre du cours de Culture de l'image






Edward Hopper

                 Présentation de l’exposition

 Début de l’exposition le 10 octobre 2012, fin annoncé 28 janvier au Grand palais, prolongée jusqu’au 3 février, Ouverte nui et jour durant ce week end.
 La rétrospective, qui a déjà accueilli 580.000 visiteurs, est ainsi prolongée jusqu'au 3 février, avec trois jours d'ouverture en continu le dernier week-end. L'exposition qui réunit 164 œuvres dont 128 peintures, aquarelles, gravures et illustrations d'Edward Hopper (1882-1967), devait initialement fermer ses portes le 28 janvier.
En un peu moins de quatre mois, l'exposition consacrée au peintre américain Edward Hopper au Grand Palais à Paris, a été plébiscitée par plus de 784.000 visiteurs. Un score qui la place derrière "Monet" mais devant "Picasso et les maîtres" au palmarès des expositions les plus fréquentées au Grand Palais.


Didier Ottinger, Commissaire d'exposition
Première rétrospective depuis 1989 au musée Cantini de Marseille.

Didier Ottinger, directeur adjoint du Centre Pompidou et commissaire d’exposition de L’exposition Hopper au Grand Palais, retrace le parcours du peintre et le replace dans le contexte méconnu du réalisme américain  durant la rétrospective parisienne.


Brillamment conçue par Didier Ottinger, le commissaire, elle retrace ce cheminement, rappelant sa formation, ses influences américaines et françaises, son activité d'illustrateur. Et montre comment son style s'est progressivement forgé pour aboutir à ces images épurées et percutantes à la fois, ancrées dans les mémoires.  


                 Hopper brève preséntation

Edward Hopper, né le 22 juillet 1882 à Nyack dans l’État de New York et mort le 15 mai 1967 à New York, est un peintre et graveur américain.
Exerçant essentiellement son art à New York, où il avait son atelier, il est considéré comme l’un des représentants du naturalisme ou de la scène américaine, parce qu’il peignait la vie quotidienne des classes moyennes. Au début de sa carrière, il a représenté des scènes parisiennes avant de se consacrer aux paysages américains et de devenir un témoin attentif des mutations sociales aux États-Unis. Il produisit beaucoup d’huiles sur toile, mais travailla également l'affiche, la gravure (eau-forte) et l'aquarelle.
Une grande partie de l’œuvre de Hopper exprime la nostalgie d’une Amérique passée, ainsi que le conflit entre nature et monde moderne. Ses personnages sont le plus souvent esseulés et mélancoliques.

En 1908, Edward Hopper s’installe définitivement à New York où il travaille comme dessinateur publicitaire puis comme illustrateur, un métier qu’il n’apprécie pas. À cette époque, il ne peint que rarement, la plupart du temps en été. Il participe à plusieurs expositions collectives à New York : en 1908, à l’Harmonie Club et, en 1912, au Mac Dowell Club. L’année suivante, il vend sa première œuvre et s’établit dans un studio sur Washington Square dans le quartier de Greenwich Village. En 1915, il réalise ses premières eaux-fortes et se fait connaître par les critiques d’art dans une exposition au Mac Dowell Club. Mais c’est dans l’entre-deux-guerres qu’il commence à être vraiment reconnu, avec sa première exposition personnelle au Whitney Studio Club (1920).
En 1924, il se marie avec Josephine Verstille Nivison. Surnommée « Jo » par son époux, elle a suivi comme lui les cours de Robert Henri et elle est devenue peintre. En 1933, le couple achète une propriété au Cap Cod où il construit une maison et installe un atelier. Hopper fut malheureux avec elle  épouse nerveuse, tempétueuse, terre à terre, jalouse, elle fut son unique modèle au corps toujours froid (Morning Sun, 1952).

Les influences de Hopper 


    Hopper et le théâtre

Two  Comedian, 1966, dernier tableau de Hopper, représentation de lui et sa femme,les deux comédiens prennent congé du public, façon à Hopper de montrer son retrait de sa vie de peintre. La théâtralité est au cœur de l’œuvre de Hopper qui représente à plusieurs reprises des balcons, coulisse et fosse d’orchestre, la lumière artificielle qui construit ses images provient elle aussi de l’univers théâtral.


    Hopper et New York

En infatigable observateur de la vie urbaine, Hopper a exploré la Cité de l'Atlantique pour saisir les instantanés de son quotidien. Les incessants voyages du peintre en métro aérien lui ont fait l'offrande de visions privilégiées et inédites des habitants de la ville, capturés tant dans l'intimité de la vie privée que dans le quotidien commun à tous.  
Si Hopper a figé New York dans l'ordinaire du vécu, que  nous a-t-il vraiment montré de la ville elle-même?  En réalité la Cité de l'Atlantique n'apparaît pas dans l'univers de l'artiste, elle est seulement suggérée. Les personnages de ses tableaux semblent être volontairement confinés aux seules dimensions essentielles de la condition humaine dans des décors incontestablement américains mais dont tout indice d'identification est absent. L'architecture est limitée à quelques devantures et à des silhouettes d'immeuble en arrière plan. Mais les gratte-ciel et les grandes avenues de New York ne sont, à aucun moment, visibles dans la peinture d'Hopper.   
Et pourtant, si l’on ne voit nullement la Cité de l'Atlantique, on la pressent. Le peintre nous en narre l'atmosphère sur deux modes. Il y a dans les toiles d'Hopper le New York de l'introspection intimiste et celui de l’événement latent qui peut tout faire basculer. Il nous a, en effet, offert des visions volées de personnages dans des lieux de vie de la ville, enfermés dans le regard du dedans, s'interrogeant sur leur passé, leurs rêves déçus, leur devenir.  
L'artiste nous livre également une certaine vision de New York où tout peut être craint dans une rue nocturne désertée ou, a contrario, tout peut être espéré dans le halo lumineux du jour qui se lève sur la ville encore endormie. New York est la cité de tous les possibles. Ce sentiment qu'elle inspire d'emblée au visiteur d'ailleurs se retrouve en substance dans l'oeuvre d'Hopper.  
Le peintre cultive l'art de nous narrer New York sans nous la montrer. Il nous laisse le soin de la deviner à travers le prisme de moments furtifs où les destins sont en suspend. New York, cité la plus active du monde, devient sous le pinceau de Hopper le théâtre d'un temps suspendu et se mue alors en témoin silencieux de son quotidien.

Hopper et le cinéma


Influencés par l'atmosphère si particulière de ses toiles, bien des réalisateurs - l'Anglais Hitchcock, l'Allemand Wenders, l'Italien Antonioni ou les Américains Robert Siodmak, George Stevens, David Lynch, Terrence Malick, Paul Thomas Anderson, Todd Haynes - ont puisé dans cet extraordinaire puits de lumière de la psyché de Hopper. Ses personnages sont solitaires, jamais en mouvement, presque statufiés, dégageant une impression de destin manqué, marquant une attente, une désaffection, presque une impuissance, tous pris dans un faisceau lumineux qui rappelle les clairs-obscurs des films noirs ou les couleurs tranchées des grands films où la nature ne fait que tolérer l'homme.

Maître du voyeurisme, Hitchcock entretient avec Hopper une véritable affinité élective. À gauche : Fenêtres, la nuit (1928). À droite : Fenêtre sur cour (1954).




L'importance de la lumière dans les oeuvres d'Hopper


Et si le sujet d’Edward Hopper n’était pas cela, l’Amérique, mais la lumière ? Pas la lumière d’Amérique, la lumière tout court. « Ma peinture sembla se cristalliser quand je me mis à la gravure » dit-il*. 
Et effectivement, tout semble déjà là dans son œuvre gravé, petit et splendide, une vision composée en masses d’ombre et de lumière, on y devine déjà la couleur de ses toiles suivantes. Une lumière construite et cependant implacablement réelle, qui modèle et retranscrit l’espace en aplats vibrants, en blocs de couleurs intenses , étonnante et splendide palette de couleurs, très franches mais jamais pures. 


Rien d’impressionniste là-dedans, pas de volute ni de chatoiements, rien d’instantané : la lumière d’Edward Hopper est une matière sans cesse retravaillée, dense, palpitante, une matière abstraite et vivante. On pense alors à Rothko.

La lumière, qu'il affirmait vouloir peindre plus que "les gestes et les grimaces des gens". En clôture du parcours est accroché Soleil dans une chambre vide, l'un de ses derniers tableaux. Un simple jeu d'ombre et de clarté se découpant sur des murs, empreint de spiritualité.

 A 31 ans, il doit sa première reconnaissance commerciale à Sailing, un voilier, vendu à l’Armory show. Jusque là, il a vécu de son activité d’illustrateur publicitaire. 

Tout change en 1924. Il rapporte une série d’aquarelles de Gloucester, villégiature d’artistes en Nouvelle-Angleterre.

 Des vues extérieures de bâtisses, dans le style des pionniers américains. La critique encense son exposition au Brooklyn Museum of Arts.


 A 40 ans passés, il peut se consacrer pleinement à son art. Le couple qu’il forme désormais avec Josephine s’installe dans un atelier de Washington square, dans le quartier de Greenwich village.

 Paysages urbains, lignes architecturales traversées d’un trait de lumière, néons projetés sur les murs des brownstones new-yorkais se succèdent dans ses toiles.
Avant même de séjourner dans la Ville Lumière, Hopper découvre les photographies d’Eugène Atget. Leur éclairage intimiste, quasi métaphysique, captation de la métamorphose de quartiers parisiens voués à la démolition , se retrouve dans les tableaux du monument de l’art figuratif américain. 

A ses yeux : 
« Paris est une belle et élégante cité, presque trop policée et charmante comparée au désordre brutal de New York. » Pareille harmonie architecturale l’enchante : « Pas une seule note de couleur ne fait dissonance avec les tonalités éteintes des façades. » 





Les thèmes de l'exposition


                                                       Intérieur / extérieur 

Nighthawks 1942


    Théâtralité

Two comedians, 1966

                                            Mobilité
Compartement C, Car 293, 1938


   Les gueules
Office at night,1940

      L’absorbement
Hotel Room,1931
    La lumière
People in the sun , 1960
  Le temps suspendu
Sunday, 1926
      Short stories

Conference at Night, 1949
      Les couples
Summer in the city, 1950 








Analyse de l'oeuvre Nighthawks


Nighthawks est un tableau de 1942, dont la gravure de 1921 intitulée Ombres de la nuit ou Ombres nocturnes d'Edward Hopper, ainsi que la peinture Drug Store de 1927 semblent marquer les prémices. Le titre est parfois traduit en français sous le titre Noctambules, mais plus souvent Les Rôdeurs de nuit ou Oiseaux de nuit, de l'anglais « hawks » qui signifie littéralement « faucon » mais aussi « homme rapace qui fond sur sa proie » en argot. Si le mot « rôdeurs » peut donner un sens sinistre au tableau par sa connotation à l'oiseau chasseur, la traduction par « oiseaux » reste éloignée de la réalité supposée du tableau.

Ce tableau montre un instantané de quatre personnes assises dans un diner (restaurant typique américain) de centre-ville, tard dans la nuit. L'atmosphère sous un angle et un éclairage si particulier, semble tendue, dramatique et figée. Un homme de dos mange, seul. Un couple, dont l'homme et la femme habillée en rouge se touchent presque la main mais ne se parlent pas, est assis à proximité. Le serveur parait discuter. On aperçoit la vitrine sombre du magasin d'en face. L’absence de la porte de sortie du bar rend les personnages enfermés comme dans une cage ou un aquarium.
Ce tableau contient les thèmes principaux de l'artiste : l'amour, la solitude, la mort. La structure angulaire, la vision par ou à travers la fenêtre, l'ennui des personnages, mais également les restaurants, seront des approches plusieurs fois exploitées par Hopper, même si les œuvres de nuit sont moins courantes dans sa peinture, contrairement au couchers de soleil ou levés du jour. Dans ce tableau, la vue du spectateur à travers la vitre se fait de l'extérieur vers l'intérieur, et non pas l'inverse comme le peintre avait l'habitude. La solitude ou l'isolement des personnages est renforcé par cette vision avec la vitre qui vient entourer la scène éclairée ; cet angle de vue sera repris par le peintre en 1962 dans New York Office.
Selon plusieurs avis le tableau aurait été inspiré à Hopper par une nouvelle d'Hemingway publiée en 1927 et intitulée The Killers, dans laquelle deux tueurs attendent en vain leur victime dans un bar. Cette nouvelle est publiée à l'époque par la revue Scribner's Magazine pour laquelle Edward Hopper travaillait en tant qu'illustrateur.
C'est non seulement le plus célèbre tableau de Hopper, mais également l'un des plus marquants de l'art américain où la place de ce peintre est prépondérante. « Quatre-vingt-dix pour cent des artistes sont oubliés dix minutes après leur mort1 », disait Edward Hopper. Cette peinture fait actuellement partie de la collection de l'Art Institute of Chicago.



Les inspirations 


MMK par Tim Eitel, 1971 

The Diner par George Segal 1964-1966