Les influences de Hopper
Hopper et le théâtre
Two
Comedian, 1966, dernier
tableau de Hopper, représentation de lui et sa femme,les deux comédiens prennent congé du public, façon à Hopper de montrer son retrait de sa vie de
peintre. La théâtralité est au cœur de l’œuvre de Hopper qui représente à
plusieurs reprises des balcons, coulisse et fosse d’orchestre, la lumière
artificielle qui construit ses images provient elle aussi de l’univers
théâtral.
Hopper et New York
En infatigable observateur de la vie urbaine, Hopper a exploré la Cité de l'Atlantique pour saisir les instantanés de son quotidien. Les incessants voyages du peintre en métro aérien lui ont fait l'offrande de visions privilégiées et inédites des habitants de la ville, capturés tant dans l'intimité de la vie privée que dans le quotidien commun à tous.
Si Hopper a figé New York dans l'ordinaire du vécu, que nous a-t-il vraiment montré de la ville elle-même? En réalité la Cité de l'Atlantique n'apparaît pas dans l'univers de l'artiste, elle est seulement suggérée. Les personnages de ses tableaux semblent être volontairement confinés aux seules dimensions essentielles de la condition humaine dans des décors incontestablement américains mais dont tout indice d'identification est absent. L'architecture est limitée à quelques devantures et à des silhouettes d'immeuble en arrière plan. Mais les gratte-ciel et les grandes avenues de New York ne sont, à aucun moment, visibles dans la peinture d'Hopper.
Et pourtant, si l’on ne voit nullement la Cité de l'Atlantique, on la pressent. Le peintre nous en narre l'atmosphère sur deux modes. Il y a dans les toiles d'Hopper le New York de l'introspection intimiste et celui de l’événement latent qui peut tout faire basculer. Il nous a, en effet, offert des visions volées de personnages dans des lieux de vie de la ville, enfermés dans le regard du dedans, s'interrogeant sur leur passé, leurs rêves déçus, leur devenir.
L'artiste nous livre également une certaine vision de New York où tout peut être craint dans une rue nocturne désertée ou, a contrario, tout peut être espéré dans le halo lumineux du jour qui se lève sur la ville encore endormie. New York est la cité de tous les possibles. Ce sentiment qu'elle inspire d'emblée au visiteur d'ailleurs se retrouve en substance dans l'oeuvre d'Hopper.
Le peintre cultive l'art de nous narrer New York sans nous la montrer. Il nous laisse le soin de la deviner à travers le prisme de moments furtifs où les destins sont en suspend. New York, cité la plus active du monde, devient sous le pinceau de Hopper le théâtre d'un temps suspendu et se mue alors en témoin silencieux de son quotidien.
Hopper et le
cinéma
Influencés
par l'atmosphère si particulière de ses toiles, bien des réalisateurs -
l'Anglais Hitchcock, l'Allemand Wenders, l'Italien Antonioni ou les Américains
Robert Siodmak, George Stevens, David Lynch, Terrence Malick, Paul Thomas
Anderson, Todd Haynes - ont puisé dans cet extraordinaire puits de lumière de
la psyché de Hopper. Ses personnages sont solitaires, jamais en mouvement,
presque statufiés, dégageant une impression de destin manqué, marquant une
attente, une désaffection, presque une impuissance, tous pris dans un faisceau
lumineux qui rappelle les clairs-obscurs des films noirs ou les couleurs
tranchées des grands films où la nature ne fait que tolérer l'homme.
Maître du voyeurisme, Hitchcock entretient avec Hopper une
véritable affinité élective. À gauche : Fenêtres, la nuit (1928). À droite :
Fenêtre sur cour (1954).
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